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Calendrier de l’avent de la Boîte à Pépites : les coups de cœur de ComposHer.

Pour sa troisième édition, ComposHer est très heureuse d’être partenaire du calendrier de l’avent de la Boîte à Pépites. Du premier au 24 décembre 2022, une vidéo produite par le label est venue chaque jour présenter une compositrice et nous faire découvrir une de ses œuvres, enregistrée avec soin par des interprètes confirmés dans le cadre de l’Abbaye de Royaumont. Après le succès des deux premières éditions, le calendrier de l’avent développait cette année le thème des nuits. Parmi ces 24 pièces soigneusement sélectionnées et sentant bon les nuits d’hiver et les soirées d’été, voici 5 coups de cœur !


Parmi les 24 grands noms féminins de la musique dont les œuvres sont représentées ici, Wanda Landowska est peut-être une des plus connues du grand public, mais souvent seulement pour ses qualités d’interprètes. Et pour cause : pianiste et claveciniste hors-pair, louée par les grands noms de son époque, elle a révolutionné par ses écrits et ses interprétations le paysage musical. Son travail sur la musique de J-S Bach, dont elle donne la première interprétation moderne des Variations Goldberg au clavecin, est reconnu comme précurseur. Mais Landowska fut aussi une compositrice prolifique et talentueuse, ce dont témoigne cette Nuit d’automne, pièce pour piano seul qui alterne avec une aisance stupéfiante des passages nuageux où le piano se fait brillant et inquiet et des moments de grâce où les accords tumultueux laissent place à une très belle ligne mélodique. Les doigts experts de David Kadouch rendent ici bien ces rapides changements d’ambiance mais sans jamais perdre le caractère résolument lyrique et torturé de l’écriture de Landowska.


Si le quintette pour cordes de Maria Bach devait être résumé en un mot, ce serait probablement « tension ». Tout au long de ce troisième mouvement intitulé « sakraler Tanz » (danse sacrée), on sent à la fois les mouvements d’une danse infernale et les esprits auxquels elle pourrait s’adresser. Le quatuor Elmire, renforcé par le violoncelle de Xavier Phillips, rend admirablement l’ambiance inquiétante de l’écriture de Maria Bach dont les pièces, notamment pour orchestre ou musique de chambre, témoignent d’une très grande connaissance des instruments et d’une maîtrise technique irréprochable. Très prolifique de son vivant avec plus de 400 œuvres recensées, elle était également en son temps une peintre réputée.


Difficile de dire quelque chose d’inédit sur Sofia Gubaidulina. Née en URSS, son 90e anniversaire avait été un des évènements musicaux de 2021 et avait donné lieu à un grand nombre de concerts et d’enregistrements par des interprètes prestigieux. L’œuvre exhumée ici, Silenzio III, réunit au moins deux éléments clefs du « style Gubaidulina » : une combinaison peu commune d’instruments (ici violon, violoncelle et accordéon), servant une musique largement inspirée par des considérations religieuses et mystiques. Jouant sur les dissonances et des notes très longues, donnant une impression de nappe sonore à la manière de pièces comme Atmosphère de György Ligeti, la compositrice nous prend par la main pour une expérience pour le moins peu commune. Quelques minutes en apnée, portées par Fanny Vincens, Amanda Favier et Xavier Phillips.


La célébrissime chanson « Besame Mucho » dans un programme sur les œuvres méconnues, cela a de quoi surprendre. Et puis on apprend que la chanson en espagnol la plus reprise du XXe siècle doit sa musique et ses paroles à Consuelo Velázquez, jeune compositrice mexicaine qui en 1935 s’inspire d’un air de Enrique Granados pour écrire cette chanson d’amour, qui depuis a inspiré des milliers d’autres artistes, de ténors prestigieux à des grands pianistes de jazz en passant par de nombreux artistes de variétés de tous pays.

La version qui nous est offerte comme un cadeau pour fêter la dernière case de ce calendrier de l'avent se base sur un arrangement piano-contrebasse-violoncelle très élégant, parfaitement servi par David Kadouch, Héloïse Luzzati et Antoine Cirou Rozenbaum, sur lequel vient se poser un magnifique duo composé des voix de Noëmi Waysfeld et de Romain Dayez, dont le timbre et le ton suave laissent entrevoir tout l’amour et toute la sensualité que l’on connaît à cette œuvre.


Le thème des standards recomposés et réinterprétés traverse le calendrier puisque l’on retrouve par exemple l’Hymne à l’amour pour le 17e jour. Pourtant, c’est d’une autre chanson dont il sera question dans ce top 5 avec « Close your eyes », de l’américaine Bernice Petkere. Fascinée dès son plus jeune âge par la scène et les comédies musicales, elle dédie sa vie à l’écriture de chansons qui obtiennent un succès remarquable dans les Etats-Unis de la première moitié du XXe siècle. Ses œuvres sont interprétées par de nombreuses stars dont Bing Crosby, Ella Fitzgerald, Kurt Elling ou Doris Day. A la fois belle, mélancolique et entêtante, « Close your eyes » est une vraie plongée dans cette Amérique rêvée, et rien comme la voix d’Agathe Peyrat sur la piano de Laurianne Corneille ne donne plus envie de se promener à New-York la nuit.


La programmation fabuleuse de cette troisième édition est donc bien plus qu’une occasion de découvrir des œuvres et des créatrices méconnues, c’est aussi le moyen de s’ouvrir à de nouveaux styles et de nouveaux horizons, et de se rappeler que, tout comme leurs confrères masculins, les compositrices n’appartiennent pas qu’aux livres d’histoire et aux salles de concerts classiques mais sont aussi bien souvent dans l’ombre de nos playlists ou de nos postes de radio.



Raphaël Godefroi


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