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Clarke, Tailleferre, Beamish et Schumann - Florilège

09 octobre 2021

C’est un XXème siècle rêvé que présentent la violoniste Malin Broman et le pianiste Simon Crawford-Phillips à travers leurs « Visions of a century ». Le disque s’ouvre une lecture poétique, bien que peu contrastée, de la Sonate pour violon et piano n°1 de Germaine Tailleferre. Après un premier mouvement particulièrement méditatif, mené par un violon très doux et nimbé de pédale au piano, on apprécierait un « Scherzo » plus espiègle : il est ici nonchalant, presque désinvolte. Le « Assez lent », qui pourrait être l’occasion d’explorer des sonorités plus jazz, demeure ici presque romantique. Enfin, le final, ici très élégant, permet à Malin Broman de montrer son talent dans la conduite des longues phrases de Tailleferre - mais au détriment d’une articulation qui pourrait être plus incisive ou plus surprenante. L’explosion finale demeure grandiose et extatique, nourrie de la virtuosité incontestable des deux interprètes. Après des œuvres de Lucien Durosoir et Edward Elgar, deux petites pièces de Clarke concluent l’album. Malin Broman prend l’alto pour Morpheus, une courte oeuvre onirique - les enchaînements harmoniques de Clarke sont hypnotisants - qui permet d’admirer son legato toujours ininterrompu et sa riche palette de nuances ; puis pour le plus rare Chinese Puzzle. Gentiment orientalisante, la pièce fait la part belle aux pizzicati de l’alto et aux sonorités percussives du piano - un peu noyées dans la pédale, là encore… Une musique sublime, mais une interprétation décidément un peu trop uniforme !


Clara Leonardi

 

Si on se demande qui est la Clara invoquée par le titre de cet album, il n’est plus aucun doute que c’est Clara Schumann qui est mise à l’honneur. Son portrait et ses œuvres englobent l’album, mais Clara n’est pas seule puisque son époux Robert est présent aussi. Et si on pouvait s’attendre à ce que Johannes Brahms soit le troisième compositeur, il n’en est rien : il s’agit de la compositrice contemporaine Sally Beamish, avec un portrait musical intitulé sobrement Clara. Sous les doigts de Graeme McNaught au piano et avec la voix de Sandra Porter, ce sont d’abord quatre lieder qui nous sont offerts, quatre petites pièces vocales aux accents d’un romantisme déjà dans la fleur de l’âge. On sent alors toute la fraîcheur de l’amour qu’éprouvait Clara à la fois envers Robert mais aussi envers la musique. Il n’y a pas une note à retirer ou à ajouter à ses lieder. Mais après les quatre pièces de la compositrice germanique, on trouve son portrait qui se fait à grands coups de brosse autant qu’à petite touche. Une première pour cette œuvre composée tout récemment, où le regard de toute une époque se porte sur une compositrice et une pianiste à laquelle il est difficile de rendre justement hommage. C’est pourtant chose faite par Sally Beamish, et si vous en doutez, demandez à Clara !

Gabriel Navaridas

 

Cet album du label Genuin porte bien son nom. Les pièces y sont toutes plus appréciables les unes que les autres, et les œuvres y rivalisent d’élégance. Pour cause, le mariage réussi entre la clarinette (Joë Christophe) et le piano (Vincent Mussat). Les deux interprètes font alors revivre les musiques du XIXe et du XXe siècle. Parmi ces pièces, Morpheus, de la compositrice britannique Rebecca Clarke. Cette version est une transcription, l’œuvre originale étant pour alto et piano. Le résultat en est une interprétation très réussie. On retrouve dans cette œuvre une mélancolie, une douceur, un travail sur les harmonies qui laissent difficilement imaginer que cette pièce a été composée pendant les années de guerre. Le sujet en est infiniment détaché, et pour cause, il se transforme, comme un rêve, en différents paysage, laissant entrevoir ici des décors de ruines grecques, là un paysage verdoyant. Tout dans cette pièce suscite l’imagination, de la douceur de la clarinette et de son jeu chaleureux à la profondeur du piano, de ses accords grave ou de ses mélodies aériennes.

Gabriel Navaridas

 

Un album de premiers enregistrements mondiaux, pour la plupart écrits pour l’ensemble vocal Cantus : c’est ce que propose « Manifesto », leur dernier album. On y retrouve ce qui fait le succès de cet ensemble uniquement composé d’hommes : un son riche, homogène et chaleureux mis au service d’un répertoire varié. La première compositrice à figurer sur l’album est Libby Larsen : son oeuvre If I profane est l’occasion pour les chanteurs de faire entendre leurs voix solistes avec quelques interventions poignantes, avant de se replacer dans un chœur mélancolique. La compositrice joue sur les dissonances, les nuances, et la densité de son écriture pour construire la tension et l’apaiser. Psalm of the Soil (Sarah Kirkland Sneider) explore les thèmes contemporains de l’identité et de l’immigration (spécifiquement aux États-Unis). L'œuvre est souvent sombre, elle aussi riche en harmonies dissonantes, mais non sans moments lumineux, qui évoquent un espoir prudent. D’autres pièces dans l’album proposent un aspect plus léger, moins torturé, de la composition contemporaine pour chœur et le talent de Cantus s’adapte à chaque atmosphère avec brio.


Marie Humbert

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