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Cordes en ballade et Florentine Mulsant

12 juillet 2022


Quatuor Debussy


Pour sa 23e édition, le festival ardéchois Cordes en ballade reçoit la compositrice Florentine Mulsant en résidence, qui verra l’ensemble de ses quatuors à cordes donnés en concert. À cette occasion, son Sixième quatuor op. 99 a été créé par le Quatuor Debussy lors du concert d’ouverture le 5 juillet à la Cathédrale Saint-Vincent de Viviers. Encadrée par deux monuments que sont les Quintettes avec piano de Schumann et Brahms, cette nouvelle œuvre n’avait rien à leur envier et venait ajouter une touche typiquement française à ce dense programme germanique.


Adoptant la division classique en quatre mouvements, Mulsant présente son quatuor comme la synthèse des cinq précédents et l’aboutissement d’un cycle. On retrouve donc au fil de l’œuvre de nombreuses références à ses précédentes compositions. Le premier mouvement est un hommage au Sixième quatuor de Bartók et s’ouvre, comme celui-ci, sur un mélancolique solo d’alto que rejoint petit à petit le reste des cordes. Avec un premier thème écrit dans un langage contrapuntique au chromatisme exacerbé, à l’instar du compositeur hongrois, et un second plus modal renouant avec l’écriture française, ce mouvement au caractère presque plaintif est empreint d’un profond lyrisme. La part belle est faite à chaque instrument qui passe l’un après l’autre d’un rôle chambriste à un rôle soliste.


Le second mouvement est un scherzo qui vient contraster avec l’intimité du premier mouvement par son caractère léger et vif. L’abondante utilisation des pizzicati insuffle une atmosphère presque comique, et l’écriture en quartes et quintes n’est pas sans rappeler certaines pages de Janácek.


Si le scherzo est le pendant du final, le troisième mouvement est le miroir du premier. On y retrouve l’expressivité du début mais cette fois à travers la forme - qui peut pourtant sembler austère - de la fugue. C’est pourtant un sujet on ne peut plus expressif que nous donne à entendre la compositrice, nous faisant totalement oublier l’académisme de la forme pour nous noyer dans un ardent contrepoint. La fugue laisse ensuite place à l’harmonie. Les plages sonores se succèdent comme si le public était invité à se promener parmi différentes toiles d’un musée. Un vibrant hommage est également rendu à la musique française à travers le sublime thème exposé ensuite au premier violon et au violoncelle à l’octave. Apothéose de l’harmonie et du contrepoint, le troisième mouvement est peut-être la clé de voûte de l’œuvre, socle compact autour duquel émergent les autres mouvements.


Le plaisir de l’harmonie se poursuit dans l’introduction du final qui reprend les successions de plages sonores du mouvement précédent pour aboutir sur un thème énergique et victorieux, au rythme endiablé.

C’est donc un véritable bouquet final qui clôture les six premiers quatuors de la compositrice et on ne peut qu’attendre avec impatience le prochain - qui sera surement dans un style très différent des autres, pour reprendre les mots de Florentine Mulsant.

Le festival des Cordes en ballade sera l’occasion d’entendre plusieurs de ses quatuors, dont le Troisième a déjà été donné par le Quatuor Héméra le 6 juillet à Vogüe, le Quatrième par le Quatuor Una Corda à Saint-Remèze le 12 juillet, et le Cinquième par le Quatuor Yako à Lagorce le même jour. Le Premier sera donné le 13 à Aubignas par le Quatuor Émana.





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