top of page
  • ComposHer

Germaine Tailleferre et le Groupe des Six à Radio France

Dernière mise à jour : 19 août 2021


Le Groupe des Six

12 octobre 2019 - Maison de la Radio

Orchestre Philharmonique de Radio France, dir. Mikko Franck


Ces quatre concerts consacrés au Groupe des Six (4-12 octobre) étaient l’occasion pour Radio France et ses ensembles de présenter un panorama de cette musique française composée quasiment tout au long du 20ème siècle. Ou plutôt de ces musiques françaises, car il s’agit bien de six compositeurs et compositrice, six langages musicaux réunis par une certaine camaraderie, une envie de renouveau après les grands maîtres de la fin du 19ème, et un peu d’exagération médiatique qui fit de ce “Groupe des Six” quelque chose de sans doute plus grand que ce qu’il n’était. Auric, Durey, Honegger, Milhaud, Poulenc et Tailleferre composeront tout de même une pièce ensemble, Album des Six pour piano, dont on regrette d’ailleurs qu’elle ne fasse pas partie de la programmation de cette semaine. Une programmation qui donne surtout une belle place à Poulenc avec plusieurs oeuvres d’ampleur (le Concerto pour Piano, le Stabat Mater, et le Gloria pour finir). Il faut dire qu’évoquer en quelques concerts les oeuvres de ces six n’était pas mince affaire, et imposait d’oublier certaines pages de leur création. Cette contrainte donne aussi lieu à des concerts patchworks, moins divers que d’autres programmations grand-écart de la Maison de la Radio, mais dans lesquels il n’est peut-être pas facile de se plonger quand il faut s’adapter successivement à quatre ou cinq pièces différentes pour presque autant de compositeurs et de configurations de la salle (musique de chambre, petit orchestre, orchestre et choeur …). Ces concerts étaient en tout cas l’occasion de présenter à nouveau au public parisien Germaine Tailleferre, et on aurait adoré entendre une de ses pièces symphoniques ou concertantes d’ampleur, qui montrerait tout son talent. Ce ne sera pas le cas cette fois mais on n’est finalement pas si mal lotis, puisque les musiciens du Philharmonique de Radio France ont joué le 9 octobre son Trio pour violon, violoncelle et piano (1916-17 puis 1978), et que le concert final s’ouvrait sur sa Petite Suite pour Orchestre (1957). Avec cette dernière pièce, l’Orchestre Philharmonique de Radio France, dirigé par Mikko Franck et dans une formation réduite, ouvre le concert avec une joie retenue et des rythmes dansants, le tout teinté de mélancolie. Après une introduction fluide, en chants et contre-chants où bois et cordes se succèdent et se mêlent, le “Prélude” s’ouvre vraiment sur un thème dansant et un tapis rythmique de pizzicati et de triangle. Les pizzicati des cordes sont très en place, résonnants lorsqu’ils sont thématiques et plus contenus en accompagnement des solos de trompette et de hautbois, dans une belle cohésion. La “Sicilienne” qui suit est très imagée, presque champêtre quand les instruments aigus s’emparent du motif mélodique, plus sombre lorsque les instruments graves prennent la parole. La continuité est assurée par le son si caractéristique de la trompette avec sourdine et la sensation d’un discours musical presque sans respiration, dans un flot ininterrompu. Le “Final”, que son motif principal issu de la chanson traditionnelle Les Filles de La Rochelle et les interventions du xylophone et du tambour de basque le rendent plus populaire, est un long crescendo rythmé par cette marche des instruments graves et des percussions. Le tout s’achève brusquement, dans une explosion joyeuse. Après une telle continuité rythmique et tant de précision, le Final manque légèrement de conviction et de clarté : il aurait peut-être fallu assumer plus franchement l’accord final et ses étrangetés, pour surprendre vraiment le public. Tout au long de la pièce les thèmes et motifs se sont enchaînés, dans une écriture pleine de vie, d’images et d’impressions : une brève mais belle évocation du style si riche et inventif de Germaine Tailleferre.


Marie Humbert


46 vues

Posts récents

Voir tout
bottom of page