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  • ComposHer

Aulin, Moberg, Andrée : œuvres orchestrales

Novembre 2021

Valborg Aulin

Tableaux parisiens

Ida Moberg

Sunrise orchestral suite

Elfrida Andrée

Symphonie no. 1


TGothenburg Symphony Orchestra

Johannes Gustavsson (dir.)



Pour leur nouveau disque, l’orchestre symphonique de Gothenburg nous emmène à la découverte de trois compositrices nordiques de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle : les suédoises Valborg Aulin et Elfrida Andrée et la finlandaise Ida Moberg. Les œuvres choisies, enregistrées pour la première fois, ont la particularité enchanteresse de décrire au moyen des sons des atmosphères et des ambiances spécifiques.


Les Tableaux parisiens, une suite orchestrale composée par Valborg Aulin en 1886 lors de son voyage à Paris, nous entraîne aussi bien dans la frénésie de la capitale que dans une scène de bal ou encore dans le calme des rues une fois la nuit tombée. Le premier mouvement, « Vie bruyante dans le lointain » s’ouvre notamment avec des trémolos aux cordes évoquant l’agitation citadine. Un crescendo général aboutit sur une mélodie ample et legato, permettant à l’ensemble de l’orchestre de faire entendre un son large et généreux. La ville semble ainsi se dérouler sous nos yeux. L’accalmie dans la tempête parisienne est apportée par le deuxième mouvement, « Dans le calme de la nuit ». Une clarinette énonce seule une mélodie douce et presque mélancolique, reprise ensuite par le premier violon. La mise en avant d’instruments solistes crée une atmosphère d’intimité qui contraste avec le premier mouvement. Le langage de cette œuvre est fortement imprégné de celui de Jules Massenet et d’Ernest Guiraud, avec qui Valborg Aulin avait pris des cours de composition lors de son séjour à Paris.


Le voyage musical se poursuit avec une autre suite orchestrale, Lever de soleil, signée par Ida Moberg en 1909. Chaque mouvement dépeint un moment différent de la journée, débutant par l’aurore pour se conclure sur l’immobilité et la quiétude de la nuit. Les sous-titres, tels que « Activité » et « Silence » ont également une portée spirituelle et philosophique amenant l’auditeur·ice à se questionner sur l’existence humaine, une réflexion chère à la compositrice. Ici, le lyrisme et la délicatesse caractérisent l’ensemble de l’œuvre. L’écriture orchestrale est limpide, les lignes mélodiques sont courtes et aisément mémorisables. Le phrasé de l’orchestre demeure léger et ce même dans les moments les plus enjoués faisant entendre des motifs plus accentués comme dans « Prélude – Activité » et « Soir ».


Enfin, l’enregistrement de la Symphonie n° 1 composée en 1868 par Elfrida Andrée est un bel hommage à cette dernière, davantage connue pour ses œuvres de musique de chambre. En effet, à l’instar de nombreuses compositrices, il lui a été particulièrement difficile de faire produire sa musique orchestrale à son époque. La création de sa première symphonie n’a pu se dérouler dans de bonnes conditions, l’obligeant à quitter la salle de concert avant la fin du dernier mouvement. Pourtant, à son écoute, il est légitime de se demander pourquoi il a fallu attendre tant d’années avant qu’elle ne soit enregistrée. La gestion des contrastes et la finesse harmonique sont au rendez-vous, tout comme la subtilité dans les couleurs sonores et la construction des mélodies. On ne peut qu’espérer que cette œuvre, ainsi que celles d’Ida Moberg et de Valborg Aulin, trouveront l’écho et la reconnaissance qu’elles méritent. Dans tous les cas, par la qualité des musiciens comme celle de l’enregistrement, ce disque est une belle initiative qu’il nous faut applaudir.


Aurianne Bec


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