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Camille Pépin, Helen Grime, Nadia Boulanger - Florilège

25 septembre 2021

Au sein d’un disque de lieder, à l’égal de Gustav Malher et Charles Ives, on trouve Helen Grime, née en 1981 et son cycle de cinq mélodies, Bright Travellers composées en 2017. Ce sont autant d’aphorismes, petites œuvres pour piano (Joseph Middleton) et voix (Ruby Hughes). La première, Soundings, apaisée, certes, mais un peu mélancolique. Suit Brew, où le piano faisant résonner des registres opposés, présente une pièce angoissante, tandis que la voix se fraye un chemin parmi les notes égrainées. À l’inverse, Visitations est plus calme : sur des accords de cloche, la voix se fait céleste, dans un imaginaire très mystique, tantôt diaphane, tantôt chatoyante. Le quatrième lied, Milk Fever, nous plonge dans un environnement plus chaleureux, plus fiévreux aussi, où le piano dialogue en gammes et arpèges avec une voix pleine de ferveur. Enfin, Council Offices ramène un peu de l’apaisement avec lequel avait commencé le cycle. Ces cinq pièces peignent un tableau où brillent les couleurs harmoniques et où vient se poser une voix chantante et lyrique.


Gabriel Navaridas

 

Avec Célia Oneto Bensaid, entre Maurice Ravel et Philip Glass, on trouve Camille Pépin. Dans son album «Metamorphosis», la pianiste enregistre ainsi ce superbe Number 1, œuvre pour piano seul inspirée d’une toile de Jackson Pollock. Si l’on est plus habitué à sa musique pour orchestre, lumineuse, expressive, où se mélangent de multiples sonorités, on retrouve tout de même quelques aspects de cette écriture dans cette pièce pour piano : une exploration des timbres, de l’aigu au grave du piano ; quelques touches d’un minimalisme qui lui est propre, foisonnant ; et bien sûr un grand travail du rythme avec des sections enlevées et percutantes. Ce qui n’empêche pas de longs moments suspendus, où seules quelques notes résonnent, sans qu’on sache bien quand attendre la suivante. Célia Oneto Bensaid se joue de ces difficultés techniques (notes répétées, staccato, accents, arpèges filants) et semble passer sans effort d’un style de jeu à un autre, laissant ressortir de touchantes mélodies legato, de délicats accords arpégés dans l’aigu. Elle donne aussi beaucoup de relief aux passages plus rythmés, avec un jeu très net aux accents précis. Véritable collaboration entre la pianiste et la compositrice, l’œuvre est très riche et s’insère à merveille dans un album par ailleurs très réussi.


Marie Humbert

 

De cet album, on ne regrettera qu’une chose : que les six pièces de l’opus 55 de Cécile Chaminade ne soient pas jouées. On ne retrouvera donc que les numéros 1 (Primavera), 3 (Idylle Arabe) et 4 (Sérénade d’automne). Exit donc La Chaise à porteurs, la Danse hindoue et le Rigaudon ! Et bien avisé celui qui penserait que l’unique compositrice du disque serait la seule à subir cet affront. Ce n’est ainsi pas le cas d’Ernest Chausson, de Guy Ropartz, de Jules Massenet et de Benjamin Godard qui ont l’intégralité de leurs opus joués par Stephanie MacCallum et Erin Helyard. C’est fort dommage, car les trois pièces présentées sont des scènes de caractères enlevées, dans un cycle de pièces pour piano où chacune a son importance. On perd une grande partie de l’intérêt de l'œuvre. Il ne reste alors que la Primavera, dont les accents frais rappellent facilement les Jeux d’enfants de Bizet, tandis que l’Idylle Arabe, aux aspects mauresques, montre bien la maîtrise de la compositrice pour invoquer des imaginaires fantasmagoriques. Il en va de même pour la Sérénade d’automne, où la fraîcheur des jours tombants se mêle à la mélancolie des feuilles mortes. Dommage qu’on ne puisse apprécier l’intégralité de l’œuvre…


Gabriel Navaridas

 

On attendait avec impatience le premier album d’Anna Lapwood, cette jeune organiste anglaise à l’origine du hashtag #playlikeagirl. En attendant de l’entendre enregistrer Florence Price, on peut quand même se régaler en écoutant Images, cet album pas comme les autres où on trouve notamment son propre arrangement des Sea Interludes de Benjamin Britten. Mais Lapwood met aussi à l’honneur quelques compositrices, dont Kerensa Briggs avec Light in Darkness. La compositrice contemporaine y livre une écriture pour orgue subtile, où les silences résonnent des harmonies lumineuses qu’elle crée tout au long de la pièce. L’Improvisation de Nadia Boulanger, troisième de ces pièces pour orgue qui deviendront quelques années plus tard ses trois pièces pour violoncelle et piano, est d’un style tout à fait différent : un chant mélancolique, accompagné de croches et de doubles croches incessantes mais discrètes, qui se développe en plusieurs voix dans un crescendo central. Le tout joué avec tout à la fois précision et musicalité par Anna Lapwood. Enfin, Cheryl Frances-Hoad conclut l’album avec Taking your leave. Moins introspectif, plus brillant, on aimerait être dans la cathédrale où a été enregistré le disque pour profiter pleinement de tous les registres de l’orgue, des accords rutilants et des contrastes émouvants qu’Anna Lapwood parvient à créer.


Marie Humbert

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