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Rêveries et abstraction - Florilège #12

Dernière mise à jour : 19 août 2021

23 octobre 2020


Après Blue Paintings en 2018, la claviériste et compositrice Angela Tursi revient cette année avec un nouvel EP en 5 titres nommé « Journey », chez Blue Spiral Records. Dès le premier morceau, Circle, la compositrice d’origine italienne dévoile un style bien à elle, à la croisée de Ludovico Einaudi, Agnes Obel ou Duke Ellington, dont elle dit que c’est une de ses plus grandes influences. Dans une construction très minimaliste, Angela Tursi dévoile des cellules mélodiques simples mais mélancoliques, avec des harmonies tendant parfois vers le jazz. Une mélodie simple, à l’air presque improvisé, jaillit aussi parfois de ces courtes pièces (entre 3 et 5 minutes chacune). C’est également dans la simplicité de ces cellules mélodiques que peuvent être adressées des critiques à ces compositions, comme le montre de manière frappante la pièce Mystic Sounds qui derrière un nom un peu pompeux se construit presque uniquement autour de trois quintes arpégées et conjointes. Ce parti-pris risqué peut pourtant porter ces fruits comme dans la première pièce où un habile jeu sur les silences fait ressortir un thème et ses variations, mais aussi dans le premier album d’Angela Tursi précédemment évoqué.



Raphaël Godefroid

 

C’est un opus complet de Louise Farrenc qui nous est donné à entendre par le pianiste Samuel Gingher : les Études brillantes, Op. 41. Si on peut regretter l’interprétation encore très scolaire, on trouve quand même de quoi satisfaire l’oreille autant que l’intellect dans ces douze études. De la première en do mineur, on retiendra l’aspect beethovenien de ces grands accords arpégés et plaqués, la troisième en fa mineur qui rappelle quelque tarentelle, la cinquième, en ré ♭ majeur et do ♯ mineur, à la mélodie douce, aux airs de feuillets d’album. La sixième étude en fa mineur, dans l’esprit de Chopin, est un écho à son étude « Sur les touches noires ». La dixième, en la mineur, se fait remarquer par son travail sur les octaves. La dernière, en si mineur, a des airs de romance sans paroles, avec ses traits arpégés qui laissent pourtant place à une mélodie sur les dernières notes que fait sonner la main droite. Chacune de ces douze études apporte un travail sur un aspect du jeu pianistique : la no 2 pour les tierces, la no 4 pour les notes répétées, montrant avec une écriture aussi vive que spirituelle un travail pianistique qui se développe au cours du XIXe siècle. Souhaitons à Samuel Gingher d’avoir trouvé dans ces études plus qu’un simple travail, car il s’y trouve quelques pépites qui valent le coup d’œil.


Gabriel Navaridas

 

« You must not lose faith in humanity. Humanity is an ocean ; if a few drops of the ocean are dirty, the ocean does not become dirty ». C’est de cette citation de Mahatma Gandhi que découle l’album de Yael Acher-Modiano. À son tour, la flûtiste souhaite transmettre le message de non-violence et d’amour inconditionnel à l’égard de l’humanité, et transcender les barrières entre les nations et les époques. Ses compositions pour flûte et électroacoustique côtoient ainsi le légendaire Syrinx de Debussy et un arrangement pour flûte de la Suite n°1en sol majeur pour violoncelle de Bach. Le point commun à ces esthétiques diverses se situe dans leur caractère solennel et méditatif, ce qu’illustre par exemple la suite The White Sail of Solitude. L’utilisation d’effets sonores, comme les sons éoliens, ou l’imitation de pizzicati, sont ponctués par l’électroacoustique, qui leur donne de la profondeur : le paysage qui se dessine invite l’auditeur à la réflexion et à la contemplation, et convoque son imagination. Malgré une inventivité mélodique, les compositions de Yael Acher-Modiano demeurent homogènes dans leur écriture et leur atmosphère, manquant légèrement de contrastes. L’unité d’ensemble qui en découle traduit cependant le désir d’universalité de la compositrice, rendant ainsi hommage à la spiritualité de Gandhi.

Aurianne Bec

 

C’est avec ravissement que Rachel Evangeline Barham et Jeremy Filsell nous emportent au-dessus des terres nord-américaines pour voyager un instant aux côtés d’une nuée d’oiseaux différents. Et c’est avec le même plaisir que la soprano nous donne à entendre les mélodies des compositrices américaines Amy Beach et Winifred Hyson. De la première, nous côtoyons la grive toute en légèreté et en délicatesse (The Thrush, Op. 14 no4), le merle au caractère plus moqueur et rêche (The Blackbird, Op. 11 no3) et les alouettes des prés à la douce mélancolie (The Meadow-Larks, Op. 78 no1). De la seconde compositrice nous avons les six pièces des Mélodies de la fille de Job (Songs of Job’s daughter). Si les oiseaux de Beach sont de chair, ceux de Hyson sont de cœur, regardant vers le ciel en souvenir des moments passés, et l’on est plongé dans un monde de miniatures où le piano chante autant que la voix. On retrouve là des petites pièces simple et touchantes, à la façon des feuillets d’album. On se laisse rapidement porter par la voix claire et chaude de la chanteuse autant que par l’accompagnement du piano et le temps file sans que l’on s’en rende compte.


Gabriel Navaridas


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