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Susanna Mälkki, la magicienne

Dernière mise à jour : 19 août 2021


L'Orchestre de Paris

25 septembre 2019 - Philharmonie de Paris

Orchestre de Paris, dir. Susanna Mälkki


S’il ne fallait retenir qu’une image de cette soirée, c’est celle de cette masse orchestrale réunie pour l’œuvre la plus connue de Gustav Holst, Les Planètes, et de sa cheffe d’un soir (ou plutôt de deux soirs), seule face à cette immensité : la Finlandaise Susanna Mälkki. Habituée de la musique contemporaine (elle a dirigé l’Ensemble Intercontemporain de 2006 à 2013), c’est un programme romantique et post-romantique qu’elle dirige dans la grande salle de la Philharmonie.

Le Concerto pour violoncelle de Dvorák ouvre la soirée avec un hôte de marque, le français Edgar Moreau. L’œuvre est menée avec panache et une grande sensibilité, par le soliste, mais également par la cheffe, elle-même violoncelliste, qui connaît parfaitement l’œuvre. Une aisance qui se ressent dans une direction fluide et une interprétation tout en contrastes. On peut cependant regretter que l’orchestre couvre plusieurs fois le soliste, au détriment de la clarté du discours musical. En deuxième partie, l’effectif de l’orchestre s’agrandit, pour une partition faisant appel à un très grand nombre de musiciens (vents et percussions notamment). Du haut de son estrade, Susanna Mälkki dirige d’une main ferme. Rien n’est laissé au hasard, et une sensation de maîtrise se dégage de sa personne, face à des musiciens qu’elle dirige pour la première fois. La célèbre description de Mars ouvrant l’œuvre est une véritable montée sonore vers une déflagration qui laisse sans voix. Il y a quelques jours, la cheffe confiait avoir hâte de diriger l’œuvre dans la Grande Salle du fait de son acoustique : les différents tableaux peints par Holst, contrastés et d’une richesse incroyable, y sonnent en effet à merveille. Droite et précise, Susanna Mälkki accompagne, dynamise des musiciens qui répondent dans une unité remarquable. Le final, « Neptune (le mystique) », avec les chœurs d’enfants semblant venir d’un autre monde (mention ici au jeune chœur de l’Orchestre de Paris et à l’ensemble de la Maîtrise de Paris), réservent un dernier frisson à un public conquis. Dans le cadre de la direction artistique tournante de l’Orchestre de Paris (qui a vu notamment Karina Canellakis diriger le concert d’ouverture de la saison, et accueillera également Marin Alsop), espérons que Susanna Mälkki sera réinvitée pour le plaisir du plus grand nombre. Ceux et celles qui regrettent de ne pas l’avoir vue peuvent encore réserver pour l’opéra Yvonne, princesse de Bourgogne de Philippe Boesmans qu’elle dirigera à l’Opéra de Paris (qui se tiendra en février/mars 2020). La Finlande est également à l’honneur, puisque l’orchestre Philharmonique de Radio France vient récemment de nommer deux chefs assistants, dont la Finlandaise Emilia Hoving, 25 ans, étudiante à l’Académie Sibelius d’Helsinki, où étudia entre autres… Susanna Mälkki. Alors que se tenait mardi dernier Salle Cortot une table ronde sur la parité homme-femme dans le secteur culturel (traitant de l’accès aux postes de direction notamment), cette nomination est à saluer, en écho à la récente victoire de la japonaise Nodoka Okisawa au Concours international de jeunes chefs d’orchestre de Besançon (première femme lauréate du premier prix depuis Silvia Massarelli en 1993).


Amaury Quéreillahc



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